mercredi 14 juin 2017

- SONYA YONCHEVA, surnom "Yonchy l'aurora" -

   Récital de Sonya Yoncheva et Piotr Beczala au Palais des Festivals de Baden-Baden, sur Arteconcert/2017. Massenet, Bizet, Gounod, Lehar...Tiens, "La vie en rose" de Marcel Louigy, d'une simplicité et d'un tel abandon chez la Yoncheva que pas une seconde on ne regrette la Piaf...Beczala est parfait, mais j'en causerai une autre fois...Et l'inoxidable "Brindisi" de La Traviata de Verdi, où les émotions se débrident, in fine...Le récital est classique, très classique, mais la tranquillité du rituel permet à l'esprit du spectateur de voyager...
Premier duo, et dans l'instant le "Oui ! Je fus cruelle et coupable" de la Manon de Massenet (scène du séminaire) me transporte dans cette soirée du Concours Operalia/2010. "Yonchy" y était déjà Manon, dans "Je marche sur tous les chemins", et...peignait déjà des arabesques. Dès les premiers "Je suis belle et je suis heureuse", on sait qu'elle va gagner. Certes, le métier est bien là, et une part de talent, qui donnent l'aplomb et l'aisance. Le chant lyrique ne peut se passer d'une technique solide. Mais l'interprète a charge d'âme, celle du compositeur, et leurs âmes parfois ne font qu'une, tant elles sont soeurs. Joie jouissive sont la Bartoli et Vivaldi enlacés, poésie intimiste la fusion Kaufmann-Puccini, vertu des passions l'union Verdi-Netrebko. L'étreinte musicale Yoncheva-Massenet, elle, est volupté romantique. Moelleuse mélancolie, métal vermeil des exaltations, rêveries soyeuses et dense ferveur, Sonya Yoncheva a le galbe et le génie des héroïnes massenétiennes...
Sa Poppea, lascive et flamboyante, assortie au Nerone hystérique de Max Emmanuel Cencic, m'a réconciliée avec Monteverdi, qui souvent m'a ennuyée, je l'avoue. Inspirés par les ondoiements sonores d'Emmanuelle Haïm (dm) et son Concert d'Astrée, par les excès "mise en scéniques" de Jean-François Sivadier, les chanteurs-acteurs de ce Couronnement de Poppée éblouissent (Dijon/Lille/2012 et dvd/Virgin Classics)...
Sur horde de crucifix tournoyants dans les airs, étonnant décor d'Alex Ollé et Valentina Carrasco, la Norma de Yoncheva est équilibre idéal, sérénité et clarté d'une ligne de chant alla Caballé, incantations de tragédienne alla Callas. Saisissants aussi, les duos avec Adalgisa/Sonia Ganassi et Pollione/Joseph Calleja (ROH/2016/cinéma)...
Je ne connais pas tous ses rôles, mais d'ores et déjà j'ai surnommé notre étoile "Yonchy l'aurora", pour les ineffables horizons rosés et lumineux qu'elle nous donne dans Massenet...

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