samedi 5 septembre 2015

GUILLAUME TELL de Rossini, mes. Damiano Michieletto - ROH/ciné-live/05.07.2015 -

    J’étais au cinéma le 05 juillet 2015 pour le GUILLAUME TELL de Rossini/mise en scène Damiano Michieletto, en direct du Royal Opéra House.
Dommage que la presse se soit focalisée sur cette scène de « viol collectif », qui n’est que suggéré, car édulcoré pour le cinéma suite à la colère du public et de quelques critiques ! Cela reste violent, c’est vrai, mais ne dure qu’environ 10 minutes sur 4 heures. Et, en ce qui concerne les nombreuses remarques sur la présence des enfants, malheureusement, ils voient et subissent bien pire et sur des temps bien plus longs à la télé, au ciné comme dans les jeux-vidéo ! D’autant plus que je doute que de nombreux parents emmènent leurs rejetons voir un opéra d’une telle longueur !
Cette scène n’est pas incohérente. Elle se situe à l’ActeIII/Scène2 et remplace, dans le livret initial, une scène où les Autrichiens fêtent leur victoire sur les Suisses, en forçant les femmes suisses à s’incliner devant leurs trophées de guerre. La transposition de Damiano Michieletto raconte sensiblement la même chose, en plus « hard » : c’est effectivement pendant la fête de l’armée victorieuse que les soldats vainqueurs tentent de violer une femme.
Cette production n’est pas du tout un ratage, je n’ai pas senti passer les 4 heures d’opéra. Et il n’y a pas d’agitation constante sur le plateau non plus, mais une direction de chanteurs-acteurs précise et efficace. Seul l’ActeI traîne un peu, le moins mobile justement. Les lumières dans l’ensemble ne sont pas assez travaillées. De très belles idées et de très beaux tableaux vivants, cette relation entre la terre nourricière et patrie, de la vraie terre, qui couvre tout le temps le plateau, et les paysans, torses nus ou en marcel, ainsi que tout ce peuple paysan vaincu et soumis, pauvrement habillé. Cet immense tronc d’arbre aux branches dénudées, autour duquel se déroulent de nombreuses scènes. Le double de Guillaume Tell, en costume médiéval, la vieille bande dessinée sur G.Tell dont les images passent par moments en vidéo, et cet enfant qui vient planter un arbre de vie et de paix dans la terre au milieu de scène en fin d’opéra, des éléments chaleureux et réconfortants au milieu du désespoir de la guerre.
Une direction musicale/Antonio Pappano, opulente, un Rossini tout de fougueuses rondeurs, haut en couleurs, en nuances, en dynamiques. Le Chœur/ROH, capital dans cet opéra, fabuleux dans sa présence et dans son interprétation. Un plateau vocal marquant  : Gérald Finley/Guillaume Tell bouleversant -comme à chaque fois ce baryton met le feu à son rôle-, John Osborn/Arnold déchiré et chant rayonnant, une Mathilde bcbg et virtuose/Malin Byström, très touchante Hedwige de Enkeledja Skhosa,  Sofia Fomina une très belle découverte en Jemmy, un Nicolas Courjal inquiétant et détestable en Gessler, Alexander Vinogradov/Walter Furst de luxe, le digne père Melcthal d’Eric Halfvarson et de très bons seconds plans, Rodolphe/Michael Colvin, Ruodi/Enea Scala, Leuthold/Samuel Dale Johnson.
Faut-il sacrifier sur l’autel du scandale une production d’un formidable niveau artistique à cause d’une scène excessive de 10 minutes !?!?! Franchement nous avons tous vu pire que cette scène , et à l’opéra et ailleurs…

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