vendredi 7 août 2015

LA TRAVIATA de Verdi, mes. Dmitri Tcherniakov - Milan/La Scala/07.12.2013/Arte -

De Giuseppe Verdi, livret de Francesco-Maria Piave,
Ouverture de La Scala, le 7 décembre 2013, sur Arte.

Pas si moderne que ça, La Traviata « façon Tcherniakov » ! Pas iconoclaste pour un sou et ne méritant pas, in fine, huées et sifflements.
La Traviata par Tcherniakov c’est avant tout une Violetta qui choque, mais séduit, parce que sans fragilité. Femme mûre, forte, dure, à la sensibilité révélée sur le chemin de sa mort. La qualité de cette mise en scène réside dans l’intensité de la « progression-destruction » de Violetta.
« Oh come son mutata » -Acte III- Prodigieuse Diana Damrau ! Sa transformation, de jeu et de chant, est constante d’acte en acte. Amoureuse de son rôle, gourmande de son art, Diana Damrau irradie la scène d’un son idéalement pur et rond.
Son Alfredo/Piotr Beczala a la voix magnétique : timbre plein, palpable, chaud. Sa brillante prestation rend incompréhensibles les huées qui l’accueillent au final. L’Alfredo de Piotr Beczala reste le romantique, l’amoureux fou dépeint par le livret initial. Par son chant, Beczala parvient -et tant mieux- à gommer les contours du personnage voulu par Tcherniakov, qui semble rechercher un Alfredo plus lâche, plus infantil et plus grand bourgeois rigide qu’amoureux de Violetta.
Force est de constater que Tcherniakov détricote lui-même la crédibilité et l’impact de sa mise en scène. Par ses obsessions : la poupée bleue, le camélia rouge qui voyagent sur scène, le lustre central, totem qu’il nous impose trop régulièrement -dans Macbeth, Don Giovanni et Traviata !-…Par son humour , sans grâce ni légèreté, à travers certains comportements et accessoires : l’hyper activisme d’Alfredo au II, à l’annonce du départ de Violetta, la boîte de gâteaux au III, cadeau à Violetta mourante…Et j’en passe…
N’oublions pas le noble phrasé verdien du Giorgio Germont de Zeljko Lucic, belle voix pour Rigoletto, une Mara Zampieri touchante en Annina, étoile filante soutenant l’étoile Damrau, des comprimari et un chœur de qualité, Daniele Gatti et l’orchestre de La Scala dans une lecture déchirante et incisive.
Par bonheur, il existe des gardes-fou à l’expansion de l’ego tcherniakovien : l’excellent plateau vocal, cette direction musicale sensible et la partition de Verdi, éternelle Traviata, dont les pouvoirs sonores et affectifs engloutissent -en fin de compte !- les élucubrations hasardeuses de cette mise en scène, la rendant somme toute assez acceptable.

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- Dépôt SACD n°277418 -






                                                 

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