jeudi 6 août 2015

LE BARBIER DE SEVILLE de Rossini, mes. Coline Serreau - Paris/Bastille/10.06.2012 -


   Rossini ne supporte pas la médiocrité, jamais et sous aucune forme. Un plateau de chanteurs de base virtuose y est requis. Et c’est déjà cette maîtrise du chant rossinien qui  transporte. Lorsque viennent s’y rajouter une mise en scène complice et une direction musicale raffinée, j’exulte ! Ce dimanche 10 juin 2012, à l’Opéra-Bastille, Le Barbier de Séville était enchanteur, irrésistible, buffissimo !
   Marco Armiliato à la baguette nous a servi une ouverture aux nuances exquises, dispensées par un Orchestre de l’Opéra National de Paris bien décidé à nous séduire d’entrée de jeu. Légèreté, précision sonore et vélocité d’exécution ont fait ressurgir en moi cette image de Giovanni Antonini du Giardino Armonico : « Il faut penser la musique comme des rubans qui s’élancent vers le ciel », Classica/02.2010/Olivier Bellamy.
   La mise en scène de Coline Serreau, elle, se fond dans Rossini, c’est ce qui fait sa force. La débauche de couleurs, leur luminosité, la profusion des ornements arabo-andalous des décors de Jean-Marc Stehlé et Antoine Fontaine font sans cesse écho à l’élégante et chatoyante dentelle des notes. Les scènes d’ensemble sont particulièrement bien exécutées et désopilantes. Entre burlesque et humanité, chaque personnage est bien dosé. Ce qui n’est pas sans rappeler le jeu d’acteurs du film « Trois Hommes et un couffin »,  marqueur de la Coline Serreau’s touch ! L’apparition des portraits de Rossini et Beaumarchais au moment des applaudissements est un hommage formidable et une idée à pérenniser.
   Et quel cast de choc ! Après un Valentin passionnant (Faust), et un Silvio plutôt fade (Pagliacci), le baryton Tassis Christoyannis fait ici merveilles dans un Figaro attachant. Le Conte di Almaviva d’Antonino Siragusa virevolte de pianissimi impalpables en vocalises-mitraillettes, pour finir par un « Cessa di più resistere » fulgurant, ballon de football aux pieds. Timbre sombre et confortable, sillabato parfait, Maurizio Muraro est un Bartolo impressionnant. Son compère, Carlo Cigni en Basilio, n’est pas en reste, belle « Calunnia ». L’ « aria di sorbetto » de Berta/Jeannette Fisher, « Il vecchiotto cerca moglie » est transformé en air smurfé, détonant, digne d’une grande comédie musicale. Quant à la Rosine de Karine Deshayes, c’est la voix du bonheur, un bonheur gourmand, à la jeunesse insolente, à l’appétit de vivre démesuré. Longue vie à ce radieux instrument, à la pâte pulpeuse et tonique d’une extrémité à l’autre de sa tessiture !
   Le Barbier de Séville est, paraît-il, une des opéras les plus représentés au monde. Quoi de plus normal, car « Barbier » est un élixir, une potion magique balayant les ombres infernales de la tristesse pour initier à la jubilation.

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